Stop Iatro : mieux vieillir en limitant les risques inhérents aux soins et aux médicaments

#Prévention

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Limiter les effets indésirables des traitements médicamenteux chez les seniors et la perte d’autonomie au cours d’une hospitalisation : ce sont les deux défis que relève le projet européen Stop Iatro. Sous la coordination du Pr Philippe Cestac, chef du pôle pharmacie du CHU de Toulouse, ce projet mobilise des experts à travers le sud-ouest de l’Europe en améliorant la prise en soins des aînés.

Le défi de la lutte contre la iatrogénie pour favoriser un vieillissement en autonomie et en bonne santé

Le vieillissement de la population représente un enjeu majeur : permettre aux séniors de rester en bonne santé tout en préservant leur autonomie. Le projet STOP IATRO s’inscrit dans cette démarche et a pour mission de prévenir l’iatrogénie 1 médicamenteuse et la dépendance iatrogène 2

Son objectif principal est de sensibiliser les professionnels de santé aux risques liés à la iatrogénie afin d’améliorer la prise en charge des patients âgés. Inspiré des recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du programme ICOPE, le projet mise sur des stratégies collectives pour prévenir les complications médicales pouvant entraîner une perte d’autonomie et optimiser les prescriptions médicamenteuses.

Stop Iatro s’adresse également au grand public et plus particulièrement aux personnes âgées qui vivent à domicile dans les zones ciblées (France, Espagne, Portugal). Les autorités publiques locales seront également informées des actions déployées sur leur territoire, avec un partenariat envisagé pour renforcer la communication auprès du grand public.

Trois objectifs majeurs et trois phases de déploiement

  • Le premier objectif, déployé en 2024, consistait à réaliser un état des lieux des connaissances et des pratiques permettant de prévenir la iatrogénie médicamenteuse et liée aux soins, qu’ils soient prodigués à domicile ou en milieu hospitalier, chez les seniors. Les acteurs du projet ont mené une enquête transnationale auprès de divers professionnels de santé. Ils ont également élaboré une cartographie territoriale des parcours de soins des patients âgés. Cette phase a permis de mieux comprendre les leviers et les freins pour une prise en charge plus efficace et mieux adaptée aux besoins des personnes âgées.
  • Le deuxième objectif, mis en œuvre courant 2025, vise à proposer des formations ciblées aux professionnels de santé pour prévenir la dépendance iatrogène chez les patients âgés et ainsi les aider dans l’optimisation thérapeutique.
    • Plusieurs sessions de formation sont organisées à Toulouse, Lavaur et Vic-en Bigorre.
  • Le troisième objectif, planifié pour la période 2025-2026, consiste à tester des actions pilotes au sein de services hospitaliers et en ambulatoire mais aussi auprès des seniors eux-mêmes. Ces actions, conçues conjointement avec les professionnels de santé, permettront de mettre en place des pratiques innovantes pour lutter contre la iatrogénie chez la personne âgée. Cette dernière étape du projet a pour objectif d’intégrer durablement ces approches novatrices dans les pratiques médicales courantes.

Coopération européenne

Porté par le CHU de Toulouse, le projet STOP IATRO a été cofinancé à hauteur de 1.7 M€ par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) dans le cadre du programme Interreg SUDOE.

Il réunit un consortium de six partenaires européens engagés dans l’amélioration des soins pour les seniors :

  • 2 acteurs français : le CHU de Toulouse et le CHU de Limoges
  • 2 entités espagnoles : la Fondation santé et vieillissement (Université autonome de Barcelone) et la Fondation publique andalouse pour la recherche biomédicale et sanitaire à Malaga
  • 2 acteurs portugais : l’École supérieure de la santé (Unité technico-scientifique Technologies de la santé) de l’Institut Polytechnique de Guarda et le Département des Sciences Médicales de l’Université d’Aveiro.

Après une première réunion de copilotage entre les partenaires en septembre 2024 à Aveiro et Guarda au Portugal, le prochain aura lieu en France, au CHU de Toulouse en septembre 2025, pour discuter des avancées du projet et planifier les prochaines étapes.

Ce projet répond à un véritable enjeu de santé publique. En effet, chaque année en France environ 200.000 hospitalisations et une dizaine de milliers de décès seraient attribuables aux effets indésirables des médicaments. D’autre part, 50% des patients âgés de plus de 65 ans prennent plus de 5 médicaments par jour. Je tiens à vivement remercier le Dr Chiara Alfarano et le Dr Cécile McCambridge qui assurent au quotidien la mise en œuvre de ce programme.
Pr Philippe Cestac
Chef du pôle pharmacie du CHU de Toulouse et coordonnateur du projet.

Le Pr. Philippe Cestac, entouré du Dr Chiara Alfarano (à g.) et du Dr Cécile McCambridge (à d.)
Le Pr. Philippe Cestac, entouré du Dr Chiara Alfarano (à g.) et du Dr Cécile McCambridge (à d.) CHU de Toulouse

Notes de bas de page

1 La iatrogénie est l’ensemble des conséquences néfastes pour la santé, potentielles ou avérées, résultant de l’intervention médicale (erreurs de diagnostic, prévention ou prescription inadaptée, complications d’un acte thérapeutique), de recours aux soins ou de l’utilisation d’un produit de santé.

2 La dépendance iatrogène, elle englobe non seulement les effets des médicaments, tels que la dépendance induite par certains antidouleurs ou somnifères, mais aussi la perte d’autonomie liée aux soins. Elle se traduit par une diminution des capacités fonctionnelles chez les personnes âgées hospitalisées, conséquence fréquente de l’hospitalisation elle-même, souvent sans que la personne ne s’en rende compte.