Classements au titre des Monuments Historiques : bâti & inscriptions
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C’est au titre de la loi que l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hospice de La Grave à Toulouse vont bénéficier d’une protection de certains de leurs biens mobiliers et immeubles depuis 1932.
“ Les immeubles dont la conservation présente, au point de vue de l’histoire ou de l’art, un intérêt public, sont classés comme monuments historiques en totalité ou en partie par les soins du Ministre chargé des affaires culturelles selon les distinctions établies par les articles ci-après […] ”
Il s’agit du préambule de la Loi du 31 décembre 1913 sur les Monuments Historiques parue au Journal Officiel du 4 janvier 1914.
Cette première Loi fut revue par celle du 2 mai 1930 “ Inventaire et classement des Monuments et des Sites ” Titre II, et modifiée une nouvelle fois le 27 août 1941.
Les classements du 26 avril 1944, par arrêté du ministre secrétaire d’Etat à l’Education Nationale concernent la dalle funéraire de Jean Breil, l’inscription d’Henri de Nesmond et l’inscription commémorant l’inondation survenue à Toulouse le 5 avril 1770.
Le 31 mai 1944, la Commission administrative des Hospices avalise ce classement.
Il s’agit de trois plaques - commémorative et funéraires - qui étaient primitivement scellées dans un pilier et au sol de l’ancienne chapelle de l’Hôpital de La Grave (déjà avant-guerre compartimentée pour les besoins du service). Le Docteur Henri Nux, membre de la Société des Toulousains de Toulouse et M. Faucher, archiviste départemental et conservateur des Monuments Historiques arrêtent le nouvel emplacement de ces deux plaques sous le Dôme de La Grave et le transfert s’effectue au début de l’année 1944.
La plaque commémorative de l’inondation, elle, reste en place dans l’actuel amphithéâtre Saint-Joseph.
La traduction des plaques d’Henri de Nesmond et de Jean Breil, en latin, ont été réalisées par l’abbé Raymond Corraze (1870-1947). Une inauguration de ces plaques dans leur nouvel emplacement a lieu le 25 février 1945 en présence du Cardinal Saliège.
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Suite à une proposition de la Commission Supérieure des Monuments Naturels et des Sites informée par l’Association des Toulousains de Toulouse, le directeur général des Beaux-Arts fait savoir, le 7 décembre 1931, au président de la Commission Administrative des Hospices de Toulouse, qu’une instance de classement comme site de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave est ouverte. De fait, il stipule qu’aucune modification des lieux ne devra être entreprise dans un délai de 6 mois !
Le 23 février 1932, la Commission administrative des Hospices s’est prononcée contre ce classement car elle voulait engager rapidement des travaux de réparation qu’elle estimait urgents comme de refaire les chéneaux de la base du Dôme de La Grave et la révision des murs de fondation de l’Hôtel-Dieu plongeant dans la Garonne.
De manière générale, elle craignait qu’un classement n’entrave l’évolution des services hospitaliers de l’Hôtel-Dieu et La Grave au moment même où les soins quitteraient le centre ville vers le nouvel hôpital suburbain de Purpan en construction.
Ce classement allait à l’encontre de l’intérêt des Hôpitaux.
Malgré ces réticences, les édifices de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave ont tout de même été classés parmi les “ Monuments Naturels et les Sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire et pittoresque ” par décret le 27 mai 1932 :
“ L’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et l’Hospice de La Grave à Toulouse faisant partie de la perspective des rives de la Garonne, sont classés parmi les Monuments Naturels et les Sites de caractère artistique, historique, scientifique légendaire et pittoresque ; […] Le Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts est chargé de l’exécution du présent décret ”.
Sont alors classées les façades de l’Hôtel-Dieu donnant sur la Garonne le 21 avril 1932 et l’Hospice de La Grave le 27 mai 1932.
A partir de cette date, “ les immeubles de l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et de l’Hospice de La Grave ne pourront être modifiés, réparés, déplacés ou détruits, même en partie sans le consentement du Ministre des Beaux-Arts […] le classement dont il s’agit est destiné à protéger une perspective et ne met nullement obstacle aux nécessités du service charitable”(Extrait du registre des Délibérations de la Commission Administrative des Hospices du 28 juin 1932).
L’administration des Hospices peut alors apporter des modifications à l’intérieur des bâtiments suivant les nécessités de l’évolution des services, notamment le cloisonnement des vastes salles communes de l’Hôtel-Dieu pour les besoins des services administratifs ou encore la disparition des salles communes de La Grave dans le cadre du projet d’humanisation des Hospices.
Les contentieux n’ont pas manqué entre l’Administration des Hospices de Toulouse et l’Inspection Régionale des Sites comme en 1943 lorsque cette dernière demanda la démolition d’un local jugé inesthétique dans le jardin de l’Hôtel-Dieu près du Cours Dillon. L’Hôpital se défend en faisant observer que son édification est antérieure à l’Inscription de la Place Laganne sur l’Inventaire des Sites.
D’autres classements vont se succéder jusqu’en 1944 :
Le 22 octobre 1942, un Arrêté Ministériel inscrit sur l’Inventaire des Sites les façades sud de l’Hôtel-Dieu vers le Pont Neuf et toutes les façades intérieures des corps de bâtiments avec les plantations et le porche d’entrée.
Le lendemain, ce sont les façades et les toitures de l’Hôtel-Dieu donnant sur le fleuve qui sont classées.
Le 5 avril 1943, un Arrêté Ministériel inscrit sur l’Inventaire des Sites les rives de la Garonne sur toute la traversée de Toulouse : sols, façades, toitures et toutes les construction visibles du fleuve sur les deux rives.
Le 23 mai 1943, un Arrêté Ministériel transforme ces Inscriptions en classement.
Ce nouveau statut va obliger les Hospices Civils à décider et effectuer les travaux en collaboration avec l’Etat, comme ce fut le cas pour le ravalement des façades de l’Hôtel-Dieu en bordure de la Garonne et du Pont Neuf le 16 février 1944.
La même année, le 26 avril, sont classées trois plaques commémoratives du XVIIIème siècle à La Grave : la dalle funéraire de Jean Breil, la plaque d’Henri de Nesmond et celle commémorant l’inondation de 1770 ; la réfection de la toiture de l’Hôtel-Dieu en 1980 et le percement de la façade de l’Hospice de La Grave donnant sur la Garonne en 1982.
Les anciens remparts du quartier Saint-Cyprien
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A la fin de l’année 1982, à la suite d’une demande présentée pour une modification du Plan d’Occupation des Sols de la ville de Toulouse, en vue d’une extension de l’Hôpital La Grave en bordure de la rue Martinet (notamment l’Unité de Gériatrie), la Société Archéologique du Midi demande que soient classés d’urgence les seuls restes de l’enceinte datant de 1345-1360 et modifiée vers 1525 qui sert de clôture à l’Hôpital La Grave, parallèlement à la rue Martinet.
Cet ensemble comprend la Tour Taillefer - qui servait encore dans les années 1980 pour les personnes âgées résidentes de la salle Saint-Vincent ; deux tours circulaires parfaitement conservées (1982) servant au matériel et à la menuiserie, ainsi qu’une quatrième tour “ servant de dépôt d’ordure à ciel ouvert ” signale la Société Archéologique ; enfin, les différentes parties de la courtine unissant ces tours des bords de la Garonne aux Allées Charles de Fitte.
Tout cet ensemble en brique du XIVème siècle représente le seul vestige qui entourait jadis le Faubourg Saint-Cyprien.
Au début de l’année 1983, cette requête de classement de la Société Archéologique du Midi est soumise aux services de la Conservation Régionale des Monuments Historiques.
Les façades des cours intérieures et la salle voûtée de La Grave
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Il s’agit d’une longue salle médiévale aux arcs en croisée d’ogives de l’hôpital Saint-Sébastien des pestiférés, située au rez-de-chaussée du bâtiment longeant la Garonne dans la cour Saint-Joseph, au niveau de laquelle se situait la chapelle primitive. Cette salle a été complètement compartimentée au fil du temps pour les besoins du service hospitalier et n’est plus visible dans sa perspective initiale. L’amphithéâtre Saint-Joseph, qui existe toujours, est une composante de cette salle voûtée.
Le 6 juin 1983 eut lieu à l’Hôtel-Dieu sous la présidence du Directeur Général une réunion au cours de laquelle plusieurs protections au titre des Monuments Historiques furent proposées concernant l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques, La Grave et les remparts de Saint-Cyprien.
Le 2 août 1984, au dossier de demande de classements de l’année précédente, vient s’ajouter la proposition de classement au titre des M. H. des façades des quatre cours intérieures disposées au pied du Dôme de La Grave : celles de la Cour Sainte-Anne, de la Maternité (en totalité), de la cour Sainte-Monique et de la cour Saint-Joseph (partiellement).
Le Directeur Général, au nom du CHU propriétaire des biens en question, donne son accord à toutes ces propositions de Classements et d’Inscriptions le 17 août 1984.
Le 20 décembre 1985, ces dossiers ont été transmis pour examen à la Commission Régionale du Patrimoine Historique Archéologique et Ethnologique (COREPHAE).
Celle-ci approuve les termes du procès-verbal de demande de classement.
L’examen du dossier par le Ministre est alors prévu avant la fin de l’année 1986.
Entre temps, le conseil d’Administration, le 4 juillet 1986, au nom du CHU propriétaire des biens en instance de classement, accepte le classement des sites mentionnés mais demande au Conservateur Régional des Monuments Historiques d’exclure de cette proposition deux biens immeubles se trouvant à la Grave : le vestibule à piliers de briques et la partie subsistante d’un bâtiment du XVIème siècle (ce dernier sera tout de même classé) qui entrent tous deux dans le Plan Directeur d’ensemble de La Grave et qui sont donc par conséquent susceptibles d’être modifiés ou démolis.
L’ensemble des demandes concernant l’Hôtel-Dieu et La Grave sont Inscrites à l’Inventaire Supplémentaire des M. H. par 3 arrêtés du Ministère de la Culture et de la Communication le 31 octobre 1986 et paraissent au Journal Officiel du 7 avril 1987.
L’arrêté concernant La Grave inscrit par la même occasion l’ancienne salle voûtée dans sa totalité.
3 nouveaux arrêtés se substituant aux précédents et portant classement au titre des Monuments Historiques ces ensembles immeubles, sont pris le 5 décembre 1988.
Les classements se poursuivent lors la rénovation de la façade de la Chapelle de La Grave en 2004. Le 23 mars de la même année sont proposés au classement trois tableaux reliquaires des Soeurs de Saint-Vincent de Paul (classement effectif le 10 mai) ainsi que quatre dais de procession de la chapelle, classés le 22 septembre.
Cette collaboration perdure aujourd’hui, conformément à la Loi, avec les travaux successifs de réaménagements à l’Hôpital de La Grave commencés suite au départ des derniers services d’hospitalisation (gériatrie) en 2010.
L’Hôtel Boysson (Maison Pagès) XVème - XVIème siècles
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Cet hôtel particulier faisait partie des dépendances immobilières des Hôpitaux de Toulouse, il est situé 11 rue Malcousinat. Il a été classé aux Monuments Historiques le 24 mai 1928 par arrêté Ministériel.
Le 24 mai 1958, le Ministre de l’Education Nationale, après acceptation de la Commission Administrative des Hospices le 27 février 1958, a porté sur la liste des Monuments Historiques classés les vantaux d’une fenêtre en bois sculptés du XVIème siècle, située dans la première cour, bâtiment gauche, 1er étage.
Le CHU a vendu cet immeuble à la Commune de Toulouse qui en est aujourd’hui propriétaire.
La Maison Lignères
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Le 25 mai 1943, est inscrit sur l’Inventaire des Sites l’ensemble formé à Toulouse par la Place du Capitole (sol, façades, murs extérieurs, toitures, immeubles bâtis de 1 à 23), la rue Saint-Rome et la rue des Changes (chaussées pavées, trottoirs, façades, murs extérieurs et toitures) et de ce fait la Maison Lignères, située au 39 de la rue des Changes.
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Pierre, 3ème quart XVIIIe siècle. H. : 0,80 x l. 0,45 - Hôpital Saint-Joseph de la Grave, amphithéâtre Saint-Joseph. Classée aux Monuments Historiques le 26/04/1944 (Base Palissy - inv. PM31000974)
"Qui que tu sois arrête et lis /Tu verras mais non sans surprise /le grand dégât que subit cette église /l’an mil sept cent soixante dixle cinq du mois d’avril.On crut que la Garonne /qu’en mille endroits à gué l’on traverse en automne /était un autre Nil. /Par son débordement /elle paroissoit l’être : /ses flots insolemment /franchissoient la fenêtre /salirent, renversèrent tout /table sainte, autel, tabernacle /Saint-Joseph seul resta debout /par un espèce de miracle /afin que ses enfans pussent sous ses auspices /à l’éternel contre eux justement courroucé /offrir dans sa maison de dignes sacrifices, /de trois pieds et demi le pavé fut haussé.
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Dalle funéraire de Jean Breil, archidiacre de Toulouse, mort le 20 mars 1729, pierre, XVIIIe siècle. Cette dalle funéraire était située à l’origine dans l’amphithéâtre Saint-Joseph (salle voûtée), chapelle originelle. Elle fut retrouvée par le docteur Henri Nux en 1942 et scellée dans la chapelle actuelle, près de l’entrée. H. : 1,50 x l. : 0,80. Classée aux Monuments Historiques le 26/04/1944 (Base Palissy - Inv. PM 31000976.)
"Homme sage et pieux, Jean Breil, prêtre, archidiacre de l’église de Toulouse, administrateur vigilant de cet hospice ; il repose ici, placé après sa morttout près du coeur du très illustre archevêque Henri de Nesmond, tout comme de son vivant il lui avait été très affectueusement et fidèlement attaché.Il mourut l’an du seigneur 1729, après avoir doté de la plus grosse part de ses biens les pauvres, au service desquels il s’était consacré avec toute sa religion et tout son dévouement"
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Plaque de pierre. 3ème quart du XVIIIème siècle. H. 0,45 x l. : 0,60.
Classée aux Monuments Historiques le 26/04/1944 (Base Palissy- inv PM 31000975)
En 1717, l’archevêque de Toulouse, Henri de Nesmond (1655-1727) lègue aux pauvres de l’hospice de la Grave tous ses biens dans le but de construire une nouvelle Chapelle (celle que l’on peut voir aujourd’hui), en remplacement de la chapelle originelle - située à l’emplacement de l’actuel amphithéâtre Saint-Joseph et de la salle voûtée - qui était régulièrement inondée par les crues de la Garonne.
" Ici repose le coeur d’Henri de Nesmond, archevêque de Toulouse, illustre par la noblesse de sa naissance et par ses innombrables vertusgage de cet amour avec lequel, avant tout et à cause de leur éminente pauvreté, il aima les pauvres de cette maison : aussi en mourant, la laissa-t-il son héritière. Les administrateurs ont élevé ce monument de leur coeur reconnaissant à ce coeur, le meilleur et le plus droit qu’il fut jamais, en attendant qu’on lui trouve une place plus honorable dans le nouveau temple qui va se bâtir le plus tôt possible.Il mourut le 27 mai de l’année 1727. Que prient pour lui les pauvres et ceux qui aiment les pauvres."